La pauvreté. La part du pauvre.
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Face à la la tragédie qui se joue en Ukraine, est-il opportun de partager ce récit d'un combat personnel de retour à la vie?
Le livre vient de sortir chez Albin Michel. C'est la narration d'un long et rude voyage, une cartographie du coeur et de l'âme.
Lors de la célébration des obsèques de Claude, il y presque 3 ans, j’ai lu la fin du Cantique des Cantiques, « L'amour est fort comme la Mort […]. Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour, ni les fleuves le submerger. »
Aujourd'hui, je puis dire que c'est vrai, la mort n'éteint ni l'amour ni la vie. J'ai traversé la mer à pieds secs mais j'ai eu peur, j'ai traversé le désert, et ce fut long, aride, âpre, et puis j'ai quitté la terre amère des souvenirs et suis entrée dans le doux pays de lait et de miel de la mémoire.
Ce long périple, j'ai voulu le raconter pour tous ceux et celles qui un jour ou l'autre marcheront au fond de la mer, qui traverseront le désert, parce que je suis à jamais leur compagne.
Les signes de là-haut - Seb Mellia
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Contexte
La Via Francigena est un « Itinéraire culturel du Conseil de l'Europe » certifié en 1994.
En 990, Sigéric, archevêque de Canterbury, se rend à Rome pour rencontrer le pape Jean XV et recevoir le pallium d'investiture. En chemin, il a consigné dans son journal les 79 étapes du voyage. Depuis, il a été possible de reconstituer un Itinéraire entre Canterbury et Rome, qui peut désormais être suivi par tous les voyageurs en quête de découvertes culturelles et de tourisme lent.
En voyageant sur la Via Francigena, on marche le long du "corridor culturel européen". La Via Francigena est en effet le plus ancien et le plus important chemin de pèlerinage médiéval reliant l'Europe du Nord-Ouest à la péninsule italienne et en particulier à Rome.
En tant que réseau porteur, la Via Francigena s'appuie sur un partenariat entre les institutions européennes et les autorités locales attachées à valoriser le chemin de pèlerinage millénaire afin de promouvoir, en insistant sur la durabilité, des mesures de développement de la Via Francigena pour en faire un véritable atout culturel et touristique, vu non seulement son importance culturelle mais aussi son rôle potentiel de catalyseur du développement local.
Sources :
https://www.coe.int/fr/web/cultural-routes/the-via-francigena
https://www.viefrancigene.org/fr/chi_siamo/
La Via Francigena en Belgique
L’association belge de la Via Francigena est gérée par des volontaires depuis 2014. Elle est née d’une volonté de promouvoir et de faciliter le départ vers Rome à partir de la Belgique. Notre but est de donner tous les renseignements utiles sur le chemin, renseigner sur les topoguides, les hébergements, et fournir au randonneurs le carnet de pèlerins, la crédenciale. Ensuite, nous tentons, conjointement avec les associations amies, de participer à la conception, au tracé et au balisage de chemins, à l’organisation de l’hospitalité et de l’hébergement au profit de tout pèlerin ou randonneur en marche vers Rome.
Pourquoi Bruxelles – Namur – Frontière française (vers Reims) ?
Comme la demande augmente, nous avons pris la décision de créer un chemin balisé reliant Bruxelles, Namur et Reims, étape importante sur la Via Francigena de Canterbury à Rome.
Cet itinéraire se justifie par son intérêt patrimonial (abbaye de la Cambre, abbayes cisterciennes d’Aywieres et de Villers-la-Ville, places fortes médiévales de Sombreffe et de Flawinne, Grotte de Spy, Namur les villes mosanes de Profondeville, Dinant, Hastières et Givet.
Il se distingue également du point de vue naturel avec la forêt de Soignes et de bois d’Hé (Genappe), la rive gauche de la Sambre, puis la vallée de la Meuse, du Viroin et la Thiérache wallonne.
Le projet se divise en deux parties :
1. Bruxelles – Namur :
De Bruxelles à Namur, notre logique est de "rectifier" le GR 126 afin de permettre d’emprunter des chemins plus directs et néanmoins qualitatifs
Les communes traversées sont Bruxelles, Ixelles, La Hulpe, Lasne, Genappe, Court-St-Etienne
Villers-la-Ville, Sombreffe, Jemeppe-sur-Sambre, Namur
2. Namur – Frontière française (vers Reims):
De Namur à Givet, et au-delà à Viroinval et en Thiérache, nous avons pris nos dispositions pour cogérer ce trajet avec les Amis de Saint-Jacques en Belgique francophone.
Les communes traversées sont Profondeville, Anhée, Dinant, Hastières, Doische, Viroinval, Couvin
Personnes de contact :
Vincent Imperiali, Coordinateur |
Odette Pirenne, Membre effectif |
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La théologienne protestante a été membre de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Elle partage avec « La Vie » son ressenti à l’occasion de la sortie du rapport de celle-ci, rendu public le 5 octobre 2021.
Par Marion Muller-Colard
C’est sous la forme d’une « Lettre d’une amie protestante à mes frères et sœurs catholiques » que Marion Muller-Colard, théologienne, a souhaité revenir sur son implication dans la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). L’auteure de plusieurs essais, dernièrement l’Éternité ainsi de suite (Labor et Fides) et la Vierge et moi (Bayard), partage aussi son espérance pour l’avenir.
« Je suis entrée à la Ciase sur la pointe des pieds, et c’est sur la pointe des pieds que je la quitte. Il était bien difficile de ne pas répondre à l’appel de Jean-Marc Sauvé, de décliner le devoir de vérité qui l’engageait, lui et nous tous, à plonger dans des abîmes pour chercher la racine d’un mal dont il n’est plus question de minimiser l’impact.
Ce que les violences sexuelles emportent
Aucun de nous ne sort indemne de ces deux années et demie à côtoyer le mal à sa racine. Et c’est la moindre des choses. Il n’y avait pas seulement à “conclure”, il y avait d’abord à recevoir. Recevoir la parole première, celle sans laquelle la commission n’aurait pas même vu le jour, celle des personnes victimes qui, mieux qu’aucun expert, savent ce que les violences sexuelles emportent sur leur passage : tout un pan d’être quand ce n’est pas la vie, toute l’enfance et toute la confiance.
Nous autres nous tenons en marge, entre imaginable et inimaginable. Mais, pour elles, il s’agit d’un réel brut, qui refoule dans le corps les mots qu’il faudrait pour le dire. Il fallait bien être capables de blessure, pour se tenir vis-à-vis des personnes victimes, recueillir ces mots qu’elles allaient chercher pour nous, pour nous accompagner plus que nous ne les accompagnions, nous accompagner vers le seul outil qui pouvait nous servir : le scalpel de la vérité. Ce n’est pas dans des chiffres que tient la vérité. C’est dans chaque récit de survie dont nous avons été dépositaires.
La seule voie d’infiltration de la vérité
“Retenir” est tout à la fois réducteur et nécessaire, en marge bruisseront toujours toutes les voix qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous, les plus nombreuses. Tenir et retenir cependant, pour que cette blessure ne soit plus seulement la leur, mais la nôtre, notre blessure à tous. Être capable de blessure, voilà la seule voie d’infiltration de la vérité. Car, comme l’écrit Péguy, “il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme perverse : c’est d’avoir une âme habituée”.
Nous défaire de “l’inorganique cuirasse de l’habitude” sur laquelle tout glisse, qui nous protège et nous ruine tout en même temps, qui nous sépare de ceux qui n’ont pas eu d’autre choix que de souffrir et à qui nous sommes tentés de parler par-dessus cette ligne de démarcation artificielle, voilà à quoi nous sommes tous engagés par l’Évangile.
Être “saisis aux entrailles”, pour reprendre un verbe récurrent des Évangiles, dont Jésus est lui-même le sujet, plongé plus souvent qu’à son tour dans les abîmes d’un mal vertigineux, renonçant à la tentation de s’y soustraire. N’est-il pas notre guide ? Cette blessure n’atteindra jamais les profondeurs qu’elle atteint chez celles et ceux qui ne la connaissent pas seulement par cœur, mais aussi par corps. Il est à ce titre indécent d’avoir tant voulu nous en prémunir. Simplement, elle nous rendra plus humains, et par là même, plus chrétiens.
Le rapport de la Ciase ouvre une blessure nécessaire, fondée sur la communion de ceux que la vérité dépouille. Le dépouillement, en Évangile, est une chance. Il nous redit la véritable puissance traduite par l’apôtre Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens (12, 10) :“Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.” Faibles et blessés, voilà notre force pour accueillir une vérité qui est aujourd’hui notre seule chance, tant sur le plan humain que sur le plan institutionnel. »
Véronique Margron, religieuse dominicaine, est théologienne moraliste et présidente de la Conférence des religieuses et religieux en France (Corref). Elle fut doyenne de la Faculté de théologie de l’Université catholique de l’Ouest à Angers, de 2004 à 2010. Son dernier livre, Un moment de vérité (Albin Michel, 2019), traite de la crise de la maltraitance dans l’Église catholique. Lors de RivEspérance 2021, elle participera à la grande table ronde du samedi matin avec Etienne de Callataÿ, Adelaïde Charlier et Elena Lasida.
La crise de l’Église est-elle en lien avec la transition que vit notre société ? Y a-t-il une transition à mener dans l’Église ?
Un lien structurel, je ne sais pas. Mais un lien avec les mutations de nos sociétés, notamment quant à la place des femmes, oui. L’Église vit une crise des positionnements dans l’Église, de la reconnaissance de la capacité de responsabilité de chacun. Et là, c’est assez lié à la transition dans nos sociétés. La place de la femme dans la structure hiérarchique n’est pas représentative de celle qu’elles ont dans de la société (même s’il y a encore, là aussi, des disparités). Dans l’Église, les femmes ne peuvent pas avoir les mêmes responsabilités que les hommes. Faut-il ordonner prêtres les femmes ? Je ne sais pas. N’y aurait-il pas un risque de nouveau cléricalisme ? La véritable question est : en quoi l’ordination a-t-elle à voir avec la responsabilité dans les communautés ? Faut-il que ce soit un prêtre qui soit vicaire général, par exemple ?
Il y a aussi la question démocratique. Notre société supporte mal les positions qui apparaissent trop autoritaires, même si elles sont fondées sur l’élection. Il y a un besoin de débat public, de s’approprier les décisions. Or, dans l’Église, il y a une réelle difficulté de clarté, de participation au débat, de visibilité dans le processus de décision.
Pourquoi la cause de l’Église vous tient-elle tant à cœur ?
Parce que j’en suis membre, et que j’ai fait profession religieuse (Véronique Margron est religieuse dominicaine, NDLR). Je pense, de plus, qu’il est très compliqué d’imaginer la transmission de l’Évangile sans collectif. Certes, ce qui fait renaître, ce sont d’abord les expériences individuelles, la justesse de la foi individuelle, mais ces expériences doivent être ensuite portées par un collectif. Il n’y a ni annonce ni transmission pensables sans communauté chrétienne organisée. Finalement, c’est l’Évangile qui me tient à cœur. Je voudrais qu’il puisse être vécu, raconté, expliqué, proclamé, qu’on en donne le goût. Et cela n’est pas possible sans institution. Au bout du compte, c’est la cause des gens qui me tient à cœur, les gens qui sont dans l’Église ou qui y ont été.
Quel serait votre souhait, votre désir pour cette Église ?
Je rêve de plus de simplicité, d’une Église avant tout fraternelle, tournée vers l’extérieur, vers autrui, et non pas tant soucieuse d’elle-même, de sa ritualité, du nombre de ses pratiquants. Je voudrais que sa parole retrouve du crédit, qu’elle puisse être utile au débat commun, au bien commun, qu’elle soit un plus en terme d’espérance, porteuse d’élan, de courage. J’aimerais que l’Église n’ait pas peur du débat public, qu’elle apporte une pierre constructive et donne le courage d’avancer ensemble pour faire face aux apories d’aujourd’hui.
Et concrètement, quelle serait la priorité ?
Il y a beaucoup d’endroits où des choses, et même beaucoup, se font déjà. Nous ne sommes pas devant une table rase. Un des chantiers me semble être de rendre possible du débat interne, respectueux, argumenté. Que l’on ait un goût de la conversation, que cela devienne une habitude, au niveau paroissial, par exemple. Dans le cadre de la société, j’aimerais que l’Église ne soit pas, dans le meilleur des cas, respectée comme une vieille dame, ce qui n’a pas de poids, mais qu’elle entre dans la conversation et pour cela, qu’elle le pratique à l’intérieur.
Et de la crise des abus dans laquelle vous êtes particulièrement investie, quel enseignement peut-on tirer ?
On se rend compte aujourd’hui combien le discours religieux, liturgique, théologique est gros de représentations qui ont participé à la culture des abus, au silence, à la sacralisation du prêtre, à une forme de surplomb. Il faut revisiter toute une part de la théologie (et pas seulement instiller un peu de morale) et cesser de considérer qu’une mystique est au-dessus de la loi. Le sacré – une catégorie peu biblique – accroît ce drame.
Cela m’enseigne aussi combien les histoires humaines peuvent être fracassées. Comment est-il possible que tant de monde ne s’en soit pas rendu compte ou n’ait pas voulu voir ? La culture du silence et du secret est un lourd péché. C’est une tragédie à l’intérieur de la tragédie, un scandale. Sans doute, dans la société civile, y a-t-il autant d’agresseurs, mais pas autant de victimes. Or, on a été obsédé par la position du prêtre avant de penser à la victime.
Ces crimes relèvent du tu ne tueras pas du tu ne commettras pas l’adultère, mais aussi du commandement qui demande de ne pas utiliser à faux le nom de Dieu. Or, des abus ont été commis au nom de Dieu et de sa volonté. C’est effrayant. L’Église constitue une fraternité. Comment se fait-il que les frères soient devenus des pères ? On a reproduit le modèle familial avec un père, au lieu d’un modèle fraternel. Pourquoi ne parvient-on pas à tisser une vraie fraternité en Christ au nom d’un seul Père ?
Recueilli par Charles Delhez sj
Le prêtre est celui qui veille sur la faim des hommes et des femmes, il le fractionne pour le donner à manger.
Prenant le contre-pied du nom de l’opération israélienne en cours, « Gardiens des murs », le Patriarche latin de Jérusalem redit que l’Eglise ne cesse d’appeler à « construire des ponts » ! Interview sur la situation.
Terresainte.net : Pensez-vous que l’escalade de violence va durer ?
Mgr Pizzaballa : Nous vivons dans un pays où les choses imprévisibles sont beaucoup plus nombreuses que celles qui sont prévisibles. Tout dépendra des décisions et considérations politiques que les deux parties suivront et prendront en compte. Vu l’évolution de la situation, je pense que la violence a été beaucoup plus grande que d’habitude et elle produira des blessures qui, à mon avis, vont prendre plus du temps pour guérir. La situation que nous connaissons ces jours-ci, en particulier dans les villes arabo-juives, est le résultat d’années de politique de mépris, que les mouvements de droite ont de plus en plus encouragée. Si les dirigeants politiques et religieux ne commencent pas à changer ces attitudes, la situation va se détériorer. Le mépris ne peut que produire de la violence.
Qu’est-ce qui vous atteint le plus dans votre cœur de Patriarche latin à Jérusalem face à l’opération israélienne « Gardiens des murs » ?
Ce qui ne me laisse pas du tout à l’aise – en plus de l’idée de la guerre elle-même bien sûr- c’est d’afficher ainsi un désir de « garder les murs » [ndlr : en référence au nom de l’opération israélienne débutée le 10 mai « Gardiens des murs »], alors que nous ne cessons d’appeler à « construire des ponts » ! Cela veut dire, malheureusement, qu’on est encore loin des possibilités d’une paix durable, et non simplement d’un armistice ou d’une situation de limbes politiques. Mais nous n’abandonnons pas. Il y en a beaucoup, dans la société israélienne et arabe, avec qui nous pouvons construire des ponts. Et nous le ferons !
Nous avons interrogé avant-hier la paroisse de Gaza, comment réagissent aux violences vos autres fidèles en Israël comme en Palestine ? Que leur dites-vous, que faites-vous ?
Il y a toujours ces sentiments de peur, d’incertitude et d’un avenir de plus en plus inconnu et insécurisé ! Faut-t-il plus que cela pour comprendre le désir de beaucoup de nos chrétiens d’émigrer ? Bien sûr, l’Eglise a toujours aidé et elle veut continuer de le faire, mais les besoins dépassent largement nos capacités ! Le manque de touristes et de pèlerins [ndlr : à cause de la pandémie] n’a fait qu’augmenter le problème économique et du coup aussi les problèmes dans les familles qui ont du mal à trouver la sécurité économique nécessaire pour leur stabilité. Je ne peux pas nier que la frustration est grande.
Regrettez-vous que la communauté internationale n’ait pas suffisamment pris position sur la question des expulsions de Sheikh Jarrah ?
Je pense que la communauté internationale a d’autres priorité actuellement que ces problèmes propres au conflit Israélo-palestinien. Le Covid, les crises économiques, sociales et politiques se multiplient partout, et laissent peu de temps et d’envie à la communauté internationale de se mêler au conflit en Terre Sainte.
J’ajouterais également que je n’ai jamais compris ce qu’est exactement la communauté internationale. Il est certain que, dans tous les cas, les pays étrangers pourraient aider à trouver des solutions, mais ils ne peuvent pas remplacer les interlocuteurs locaux. Tant que les Palestiniens et les Israéliens ne se parlent pas, personne ne peut faire quoi que ce soit pour améliorer la situation.
Pour le quartier Sheikh Jarrah, l’un des points de départ de la crise actuelle, y-a-t-il des maisons habitées par des chrétiens qui sont concernés par le projet d’expulsion ?
Non, à ma connaissance, je ne pense pas.
Et plus généralement, y-a-t-il eu récemment des maisons de chrétiens confisquées par des autorités israéliennes ?
Le problème de confiscations touche plus les terrains, surtout dans les zones dites « C » [ndlr : sous contrôle sécuritaire et administratif exclusif de l’État hébreu]. Mais il y aussi des cas où des familles chrétiennes qui bâtissent dans ces zones-là, sur leurs terrains, se trouvent dans une situation illégale pour Israël, et il peut arriver que leur maison soient détruites par les autorités israéliennes.
Le patrimoine religieux est en danger
L’actualité récente à la collégiale Sainte-Waudru à Mons nous pousse à nouveau à réfléchir au sens du patrimoine religieux et au rôle de l’Eglise dans ce domaine. Nous sommes conscients qu’aujourd’hui, plus que jamais, le patrimoine religieux est en danger. L’évolution de notre société en général, la baisse quantitative des moyens humains au sein de l’Eglise catholique, le fonctionnement complexe des fabriques d’église, entre autres causes, affectent la surveillance des bâtiments et de leur contenu et augmentent le risque de dégradation mais aussi de vandalisme ou de vol.
Et pourtant, la conservation du patrimoine religieux trouve tout son sens à l’intérieur même des édifices avec lequel les œuvres d’art constituent un ensemble signifiant. La cohérence patrimoniale apportée par la conservation in situ concourt à la valorisation à la fois culturelle et pastorale d’un bâtiment qui doit être accessible à tous. Elle permet une réappropriation communautaire d’un lieu historique d’expérience sociale et spirituelle.
Préserver le patrimoine représente un défi nouveau pour l’Eglise, une lourde responsabilité mais aussi une opportunité. Au-delà de la simple conservation, l’enjeu est celui de la culture chrétienne, culture qu’il importe de rendre vivante et dynamique tant pour la compréhension que pour la construction d’une société multiculturelle en pleine mutation.
Conscients de ces enjeux et de ces difficultés, les évêchés francophones ont mis en place des services de patrimoine qui encadrent les fabriques. Les évêques ont en outre suscité la création du CIPAR (Centre interdiocésain du patrimoine et des arts religieux) avec l’appui de la Région wallonne (AWaP) et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le CIPAR définit les stratégies et fournit des outils communs en matière de protection du patrimoine. Sa première mission est d’aider les fabriques dans leur obligation de réaliser l’inventaire de leur mobilier. Un logiciel élaboré en collaboration avec l’IRPA est proposé aux fabriques et fait l’objet de formations dispensées sur place. La politique d’inventaire va s’accompagner d’un programme de sécurisation des édifices religieux qui tienne compte des défis patrimoniaux mais aussi d’une plus grande accessibilité au public.
Le centre développe également une expertise dans les différents domaines de l’art religieux en organisant des journées d’étude et en publiant des brochures de recommandations pratiques. Ces publications sont accompagnées d’expositions didactiques qui voyagent dans différentes églises afin de toucher un large public. Après la conservation des textiles, de l’orfèvrerie ou de la sculpture en bois, le CIPAR aborde cette année le domaine du vitrail.
Enfin, le CIPAR met en place un réseau d’églises à trésor. Plus d’un tiers des œuvres mobilières classées à titre de trésor par la Fédération Wallonie-Bruxelles est aux mains de structures d’Eglise qui ne disposent pour cela ni de compétences ni de financement. Le réseau veut partager les expériences de gestion et assurer une promotion commune de ces œuvres majeures.
Malgré ces initiatives, le chantier est encore vaste. Nous voulons insister sur les points suivants :
En conclusion, les autorités ecclésiales réalisent les enjeux liés au patrimoine religieux et les responsabilités qui lui incombent. Elles souhaitent renforcer dans cette mission les liens avec les pouvoirs publics et les institutions compétentes. In fine, l’Eglise veut assumer pleinement sa fonction d’acteur culturel à part entière.
Christian Pacco
Administrateur-Délégué du CIPAR
À 99 ans, le penseur français EDGAR MORIN a accordé une interview.
′′ J'ai été surpris par la pandémie mais dans ma vie, j'ai l'habitude de voir arriver l'inattendu. L'arrivée de Hitler a été inattendue pour tout le monde. Le pacte germano-soviétique était inattendu et incroyable. Le début de la guerre d'Algérie a été inattendu. Je n'ai vécu que pour l'inattendu et l'habitude des crises. En ce sens, je vis une nouvelle crise énorme mais qui a toutes les caractéristiques de la crise. C'est-à-dire que d'un côté suscite l'imagination créative et suscite des peurs et des régressions mentales. Nous recherchons tous le salut providentiel, mais nous ne savons pas comment.
Il faut apprendre que dans l'histoire, l'inattendu se produit et se reproduira. Nous pensions vivre des certitudes, des statistiques, des prévisions, et à l'idée que tout était stable, alors que tout commençait déjà à entrer en crise.
On ne s'en est pas rendu compte. Nous devons apprendre à vivre avec l'incertitude, c'est-à-dire avoir le courage d'affronter, d'être prêt à résister aux forces négatives.
La crise nous rend plus fous et plus sages. Une chose et une autre. La plupart des gens perdent la tête et d'autres deviennent plus lucides. La crise favorise les forces les plus contraires. Je souhaite que ce soient les forces créatives, les forces lucides et celles qui recherchent un nouveau chemin, celles qui s'imposent, même si elles sont encore très dispersées et faibles. Nous pouvons nous indigner à juste titre mais ne devons pas nous enfermer dans l'indignation.
Il y a quelque chose que nous oublions : il y a vingt ans, un processus de dégradation a commencé dans le monde. La crise de la démocratie n'est pas seulement en Amérique latine, mais aussi dans les pays européens. La maîtrise du profit illimité qui contrôle tout est dans tous les pays. Idem la crise écologique. L'esprit doit faire face aux crises pour les maîtriser et les dépasser. Sinon nous sommes ses victimes.
Nous voyons aujourd'hui s'installer les éléments d'un totalitarisme. Celui-ci n'a plus rien à voir avec celui du siècle dernier. Mais nous avons tous les moyens de surveillance de drones, de téléphones portables, de reconnaissance faciale. Il y a tous les moyens pour surgir un totalitarisme de surveillance. Le problème est d'empêcher ces éléments de se réunir pour créer une société totalitaire et invivable pour nous.
À la veille de mes 100 ans, que puis-je souhaiter ? Je souhaite force, courage et lucidité. Nous avons besoin de vivre dans des petites oasis de vie et de fraternité."
Extraits sélectionnés par Rosa Freire d'Aguiar.
Cette prière est de Saint Vincent de Paul (1581-1660)
source: Prions en Eglise, hors série, Jubile d la miséricorde pp 17