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La pauvreté. La part du pauvre.

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La pauvreté. La part du pauvre.

Tu ne grapilleras pas (Lévitique 19, 9-10)

Lorsque vous moissonnerez vos terres, tu ne moissonneras pas jusqu’à la lisière du champ. Tu ne ramasseras pas les glanures de ta moisson, tu ne grappilleras pas dans ta vigne, tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ta vigne : tu les laisseras au pauvre et à l’immigré. Je suis le Seigneur votre Dieu.

Méditation

La part du pauvre

« Grappiller », dit un dictionnaire, c’est « cueillir les grappes de raisin laissées dans une vigne par les vendangeurs ». Or, il s’agit ici de ne pas grappiller… dans sa propre vigne. Glaner, c’est « [r]amasser dans un champ les épis qui ont échappé aux moissonneurs ». Or, il s’agit ici de ne pas ramasser les glanures de sa propre moisson.

La première étape de la pauvreté, c’est un rapport juste à sa propre richesse. C’est croire que ce que j’ai ne m’appartient pas totalement. Il y a, il y aura toujours la « part du pauvre », une sorte de dîme naturelle : « Tu ne ramasseras pas les fruits tombés dans ta vigne : tu les laisseras au pauvre et à l’immigré. »

Le passage se conclut par : « Je suis le Seigneur votre Dieu. » Toute richesse doit se rappeler qu’au-dessus de nous, il y a Dieu et que ce Dieu n’oublie jamais les pauvres. 

Une amie, tertiaire franciscaine, me racontait qu’un jour, une dame inconnue, en attendant le bus, lui avait dit que le problème, c’est que nous étions trop nombreux sur la terre. Du tac au tac, mon amie lui avait répondu, que le problème, c’est que nous ne partagions pas assez. C’est là du bon sens théologique : les biens matériels sont par essence limités, mais ils permettent de mettre en œuvre la charité, qui, elle, est infinie et inépuisable. 

Laisser la place au grappillage peut mener loin : c’est ainsi que Booz, riche propriétaire, a trouvé sa charmante épouse, Ruth la Moabite, qui glanait sur son champ. De cette rencontre naquit Obed, le père de Jessé, le père de David. D’où naquit notre Sauveur, si attentif aux miettes qui tombent de la table...

 

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Le dernier livre de Christine Pedotti

Publié le par Yvan Tasiaux

Le dernier livre de Christine Pedotti

Face à la la tragédie qui se joue en Ukraine, est-il opportun de partager ce récit d'un combat personnel de retour à la vie?

 

Le livre vient de sortir chez Albin Michel. C'est la narration d'un long et rude voyage, une cartographie du coeur et de l'âme.

 

Lors de la célébration des obsèques de Claude, il y presque 3 ans, j’ai lu la fin du Cantique des Cantiques, « L'amour est fort comme la Mort […]. Les grandes eaux ne pourront éteindre l'amour, ni les fleuves le submerger. »

 

Aujourd'hui, je puis dire que c'est vrai, la mort n'éteint ni l'amour ni la vie. J'ai traversé la mer à pieds secs mais j'ai eu peur, j'ai traversé le désert, et ce fut long, aride, âpre, et puis j'ai quitté la terre amère des souvenirs et suis entrée dans le doux pays de lait et de miel de la mémoire.

Ce long périple, j'ai voulu le raconter pour tous ceux et celles qui un jour ou l'autre marcheront au fond de la mer, qui traverseront le désert, parce que je suis à jamais leur compagne.

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Le sketch hilarant de l'humoriste Seb Mellia sur les cathos

Publié le par Famille chrétienne

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Quelles destinées pour les églises qui se vident?

Publié le par Yvan Tasiaux

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Projet de chemin de randonnée « Via Francigena Belgica ». Nous cherchons des lieux d'accueil pour les pèlerins.

Publié le par Yvan Tasiaux

Projet de chemin de randonnée « Via Francigena Belgica ». Nous cherchons des lieux d'accueil pour les pèlerins.

Contexte

La Via Francigena est un « Itinéraire culturel du Conseil de l'Europe » certifié en 1994.

En 990, Sigéric, archevêque de Canterbury, se rend à Rome pour rencontrer le pape Jean XV et recevoir le pallium d'investiture. En chemin, il a consigné dans son journal les 79 étapes du voyage. Depuis, il a été possible de reconstituer un Itinéraire entre Canterbury et Rome, qui peut désormais être suivi par tous les voyageurs en quête de découvertes culturelles et de tourisme lent.

En voyageant sur la Via Francigena, on marche le long du "corridor culturel européen". La Via Francigena est en effet le plus ancien et le plus important chemin de pèlerinage médiéval reliant l'Europe du Nord-Ouest à la péninsule italienne et en particulier à Rome.

En tant que réseau porteur, la Via Francigena s'appuie sur un partenariat entre les institutions européennes et les autorités locales attachées à valoriser le chemin de pèlerinage millénaire afin de promouvoir, en insistant sur la durabilité, des mesures de développement de la Via Francigena pour en faire un véritable atout culturel et touristique, vu non seulement son importance culturelle mais aussi son rôle potentiel de catalyseur du développement local.

Sources :

https://www.coe.int/fr/web/cultural-routes/the-via-francigena
https://www.viefrancigene.org/fr/chi_siamo/

 

 

La Via Francigena en Belgique

L’association belge de la Via Francigena est gérée par des volontaires depuis 2014. Elle est née d’une volonté de promouvoir et de faciliter le départ vers Rome à partir de la Belgique. Notre but est de donner tous les renseignements utiles sur le chemin, renseigner sur les topoguides, les hébergements, et fournir au randonneurs le carnet de pèlerins, la crédenciale. Ensuite, nous tentons, conjointement avec les associations amies, de participer à la conception, au tracé et au balisage de chemins, à l’organisation de l’hospitalité et de l’hébergement au profit de tout pèlerin ou randonneur en marche vers Rome.

Pourquoi Bruxelles – Namur – Frontière française (vers Reims) ?

Comme la demande augmente, nous avons pris la décision de créer un chemin balisé reliant Bruxelles, Namur et Reims, étape importante sur la Via Francigena de Canterbury à Rome.

Cet itinéraire se justifie par son intérêt patrimonial (abbaye de la Cambre, abbayes cisterciennes d’Aywieres et de Villers-la-Ville, places fortes médiévales de Sombreffe et de Flawinne, Grotte de Spy, Namur les villes mosanes de Profondeville, Dinant, Hastières et Givet.

Il se distingue également du point de vue naturel avec la forêt de Soignes et de bois d’Hé (Genappe), la rive gauche de la Sambre, puis la vallée de la Meuse, du Viroin et la Thiérache wallonne.

Le projet se divise en deux parties :

 

1. Bruxelles – Namur :

De Bruxelles à Namur, notre logique est de "rectifier" le GR 126 afin de permettre d’emprunter des chemins plus directs et néanmoins qualitatifs

Les communes traversées sont Bruxelles, Ixelles, La Hulpe, Lasne, Genappe, Court-St-Etienne

Villers-la-Ville, Sombreffe, Jemeppe-sur-Sambre, Namur

 

2. Namur – Frontière française (vers Reims):

De Namur à Givet, et au-delà à Viroinval et en Thiérache, nous avons pris nos dispositions pour cogérer ce trajet avec les Amis de Saint-Jacques en Belgique francophone.

Les communes traversées sont Profondeville, Anhée, Dinant, Hastières, Doische, Viroinval, Couvin

 

Personnes de contact :

Vincent Imperiali, Coordinateur
viafrancigena.belgium@gmail.com

Odette Pirenne, Membre effectif

odettepirenne@gmail.com

 

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Lettre d’une amie protestante à mes frères et sœurs catholiques

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Marion Muller-Colard, théologienne et écrivaine protestante

Marion Muller-Colard, théologienne et écrivaine protestante

La théologienne protestante a été membre de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Elle partage avec « La Vie » son ressenti à l’occasion de la sortie du rapport de celle-ci, rendu public le 5 octobre 2021.

Par Marion Muller-Colard

 

C’est sous la forme d’une « Lettre d’une amie protestante à mes frères et sœurs catholiques » que Marion Muller-Colard, théologienne, a souhaité revenir sur son implication dans la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). L’auteure de plusieurs essais, dernièrement l’Éternité ainsi de suite (Labor et Fides) et la Vierge et moi (Bayard), partage aussi son espérance pour l’avenir.

« Je suis entrée à la Ciase sur la pointe des pieds, et c’est sur la pointe des pieds que je la quitte. Il était bien difficile de ne pas répondre à l’appel de Jean-Marc Sauvé, de décliner le devoir de vérité qui l’engageait, lui et nous tous, à plonger dans des abîmes pour chercher la racine d’un mal dont il n’est plus question de minimiser l’impact.

Ce que les violences sexuelles emportent

Aucun de nous ne sort indemne de ces deux années et demie à côtoyer le mal à sa racine. Et c’est la moindre des choses. Il n’y avait pas seulement à “conclure”, il y avait d’abord à recevoir. Recevoir la parole première, celle sans laquelle la commission n’aurait pas même vu le jour, celle des personnes victimes qui, mieux qu’aucun expert, savent ce que les violences sexuelles emportent sur leur passage : tout un pan d’être quand ce n’est pas la vie, toute l’enfance et toute la confiance.

Nous autres nous tenons en marge, entre imaginable et inimaginable. Mais, pour elles, il s’agit d’un réel brut, qui refoule dans le corps les mots qu’il faudrait pour le dire. Il fallait bien être capables de blessure, pour se tenir vis-à-vis des personnes victimes, recueillir ces mots qu’elles allaient chercher pour nous, pour nous accompagner plus que nous ne les accompagnions, nous accompagner vers le seul outil qui pouvait nous servir : le scalpel de la vérité. Ce n’est pas dans des chiffres que tient la vérité. C’est dans chaque récit de survie dont nous avons été dépositaires.

La seule voie d’infiltration de la vérité

“Retenir” est tout à la fois réducteur et nécessaire, en marge bruisseront toujours toutes les voix qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous, les plus nombreuses. Tenir et retenir cependant, pour que cette blessure ne soit plus seulement la leur, mais la nôtre, notre blessure à tous. Être capable de blessure, voilà la seule voie d’infiltration de la vérité. Car, comme l’écrit Péguy, “il y a quelque chose de pire que d’avoir une âme perverse : c’est d’avoir une âme habituée”.

Nous défaire de “l’inorganique cuirasse de l’habitude” sur laquelle tout glisse, qui nous protège et nous ruine tout en même temps, qui nous sépare de ceux qui n’ont pas eu d’autre choix que de souffrir et à qui nous sommes tentés de parler par-dessus cette ligne de démarcation artificielle, voilà à quoi nous sommes tous engagés par l’Évangile.

Être “saisis aux entrailles”, pour reprendre un verbe récurrent des Évangiles, dont Jésus est lui-même le sujet, plongé plus souvent qu’à son tour dans les abîmes d’un mal vertigineux, renonçant à la tentation de s’y soustraire. N’est-il pas notre guide ? Cette blessure n’atteindra jamais les profondeurs qu’elle atteint chez celles et ceux qui ne la connaissent pas seulement par cœur, mais aussi par corps. Il est à ce titre indécent d’avoir tant voulu nous en prémunir. Simplement, elle nous rendra plus humains, et par là même, plus chrétiens.

Le rapport de la Ciase ouvre une blessure nécessaire, fondée sur la communion de ceux que la vérité dépouille. Le dépouillement, en Évangile, est une chance. Il nous redit la véritable puissance traduite par l’apôtre Paul dans sa deuxième lettre aux Corinthiens (12, 10) :“Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.” Faibles et blessés, voilà notre force pour accueillir une vérité qui est aujourd’hui notre seule chance, tant sur le plan humain que sur le plan institutionnel. »

Marion Muller-Colard

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L’ÉGLISE APPELÉE À UNE TRANSITION FRATERNELLE. Rencontre avec Véronique Margron

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Véronique Margron, religieuse dominicaine, est théologienne moraliste et présidente de la Conférence des religieuses et religieux en France (Corref). Elle fut doyenne de la Faculté de théologie de l’Université catholique de l’Ouest à Angers, de 2004 à 2010. Son dernier livre, Un moment de vérité (Albin Michel,  2019), traite de la crise de la maltraitance dans l’Église catholique. Lors de RivEspérance 2021, elle participera à la grande table ronde du samedi matin avec Etienne de Callataÿ, Adelaïde Charlier et Elena Lasida. 

 

 

La crise de l’Église est-elle en lien avec la transition que vit notre société ? Y a-t-il une transition à mener dans l’Église ? 

Un lien structurel, je ne sais pas. Mais un lien avec les mutations de nos sociétés, notamment quant à la place des femmes, oui. L’Église vit une crise des positionnements dans l’Église, de la reconnaissance de la capacité de responsabilité de chacun. Et là, c’est assez lié à la transition dans nos sociétés. La place de la femme dans la structure hiérarchique n’est pas représentative de celle qu’elles ont dans de la société (même s’il y a encore, là aussi, des disparités). Dans l’Église, les femmes ne peuvent pas avoir les mêmes responsabilités que les hommes. Faut-il ordonner prêtres les femmes ? Je ne sais pas. N’y aurait-il pas un risque de nouveau cléricalisme ? La véritable question est : en quoi l’ordination a-t-elle à voir avec la responsabilité dans les communautés ? Faut-il que ce soit un prêtre qui soit vicaire général, par exemple ?

Il y a aussi la question démocratique. Notre société supporte mal les positions qui apparaissent trop autoritaires, même si elles sont fondées sur l’élection. Il y a un besoin de débat public, de s’approprier les décisions. Or, dans l’Église, il y a une réelle difficulté de clarté, de participation au débat, de visibilité dans le processus de décision.

 

 

Pourquoi la cause de l’Église vous tient-elle tant à cœur ?

Parce que j’en suis membre, et que j’ai fait profession religieuse (Véronique Margron est religieuse dominicaine, NDLR). Je pense, de plus, qu’il est très compliqué d’imaginer la transmission de l’Évangile sans collectif. Certes, ce qui fait renaître, ce sont d’abord les expériences individuelles, la justesse de la foi individuelle, mais ces expériences doivent être ensuite portées par un collectif. Il n’y a ni annonce ni transmission pensables sans communauté chrétienne organisée. Finalement, c’est l’Évangile qui me tient à cœur. Je voudrais qu’il puisse être vécu, raconté, expliqué, proclamé, qu’on en donne le goût. Et cela n’est pas possible sans institution. Au bout du compte, c’est la cause des gens qui me tient à cœur, les gens qui sont dans l’Église ou qui y ont été. 

 

Quel serait votre souhait, votre désir pour cette Église ?

Je rêve de plus de simplicité, d’une Église avant tout fraternelle, tournée vers l’extérieur, vers autrui, et non pas tant soucieuse d’elle-même, de sa ritualité, du nombre de ses pratiquants. Je voudrais que sa parole retrouve du crédit, qu’elle puisse être utile au débat commun, au bien commun, qu’elle soit un plus en terme d’espérance, porteuse d’élan, de courage. J’aimerais que l’Église n’ait pas peur du débat public, qu’elle apporte une pierre constructive et donne le courage d’avancer ensemble pour faire face aux apories d’aujourd’hui.

 

Et concrètement, quelle serait la priorité ?

Il y a beaucoup d’endroits où des choses, et même beaucoup, se font déjà. Nous ne sommes pas devant une table rase. Un des chantiers me semble être de rendre possible du débat interne, respectueux, argumenté. Que l’on ait un goût de la conversation, que cela devienne une habitude, au niveau paroissial, par exemple. Dans le cadre de la société, j’aimerais que l’Église ne soit pas, dans le meilleur des cas, respectée comme une vieille dame, ce qui n’a pas de poids, mais qu’elle entre dans la conversation et pour cela, qu’elle le pratique à l’intérieur. 

 

 

Et de la crise des abus dans laquelle vous êtes particulièrement investie, quel enseignement peut-on tirer ?

On se rend compte aujourd’hui combien le discours religieux, liturgique, théologique est gros de représentations qui ont participé à la culture des abus, au silence, à la sacralisation du prêtre, à une forme de surplomb. Il faut revisiter toute une part de la théologie (et pas seulement instiller un peu de morale) et cesser de considérer qu’une mystique est au-dessus de la loi. Le sacré – une catégorie peu biblique – accroît ce drame.

Cela m’enseigne aussi combien les histoires humaines peuvent être fracassées. Comment est-il possible que tant de monde ne s’en soit pas rendu compte ou n’ait pas voulu voir ? La culture du silence et du secret est un lourd péché. C’est une tragédie à l’intérieur de la tragédie, un scandale. Sans doute, dans la société civile, y a-t-il autant d’agresseurs, mais pas autant de victimes. Or, on a été obsédé par la position du prêtre avant de penser à la victime. 

Ces crimes relèvent du tu ne tueras pas du tu ne commettras pas l’adultère, mais aussi du commandement qui demande de ne pas utiliser à faux le nom de Dieu. Or, des abus ont été commis au nom de Dieu et de sa volonté. C’est effrayant. L’Église constitue une fraternité. Comment se fait-il que les frères soient devenus des pères ? On a reproduit le modèle familial avec un père, au lieu d’un modèle fraternel. Pourquoi ne parvient-on pas à tisser une vraie fraternité en Christ au nom d’un seul Père ? 

 

Recueilli par Charles Delhez sj

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SACRÉ PRÊTRE. Réflexion proposée par Bertrand Révillion*

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Le prêtre est celui qui veille sur la faim des hommes et des femmes, il le fractionne pour le donner à manger.

Le prêtre est celui qui veille sur la faim des hommes et des femmes, il le fractionne pour le donner à manger.

Nombre de débats actuels - celui de la liturgie récemment - portent sur l'identité du prêtre et son rapport au "sacré." Il y a une dizaine d'années, au moment de prendre sa retraite, mon ami Albert Rouet alors archevêque de Poitiers, m'accordait un long entretien. Voici un extrait où il parle, de façon éclairante, de la place du sacré et du rôle du prêtre. Paroles fortes qui me semblent inspirantes pour aujourd'hui.
- Qu’est-ce qu’être prêtre ?
- Un prêtre est un homme qui aide des baptisés à devenir progressivement adultes dans la foi. Combien de chrétiens relisent dans la foi ce qu’ils vivent ? Combien évaluent leur action sous le regard de l’Évangile, et pas uniquement à l’aune du succès humain ? Le prêtre est celui qui ramène à la source, il est le sourcier de l’Évangile, il provoque le croyant à vivre vraiment de sa foi. Il est comme Jésus qui regarde Zachée. Jésus ne lui fait pas la morale, il lui dit simplement : « Ce soir, je dîne chez toi ! » Et cette invitation bouleverse sa vie. Le prêtre est avant tout ce « sourcier » qui s’invite à dîner, qui est capable de trouver en chaque être le lieu de sa soif et de sa générosité. Être prêtre, c’est être ministre de la communion, c’est envoyer les uns vers les autres, c’est veiller sur la faim des hommes et des femmes, être celui qui fractionne le pain pour le donner à manger, qui lève la coupe de vin pour ouvrir la communauté aux appels du monde, éviter le repli, l’inévitable construction de murs de fortification. Enfin, le prêtre est celui qui redit à une communauté que ce qu’elle est, elle l’est par grâce.
- D’où vient cette tendance actuelle à « re-sacraliser » le prêtre ?
- La notion de « sacré » est ambiguë. Il y a une conception du sacré qui n’est pas chrétienne. Le sacré sépare, divise : il y a ce qui est « sacré » d’un côté et ce qui est « profane » de l’autre ; et on a tôt fait de ranger les prêtres du côté du sacré et les laïcs du côté du profane. C’est oublier un peu vite l’unicité dans laquelle nous place le baptême par lequel nous sommes toutes et tous « prêtres, prophètes et rois » ! La Bible témoigne d’une sortie progressive du sacré pour entrer dans la catégorie de la sainteté. Le « saint », c’est Dieu, le Tout-Autre qui entre en alliance avec l’homme. Cette alliance met la sainteté au cœur même de l’humain. Par l’Esprit, chaque homme, chaque femme est désormais une terre sainte. La division sacré-profane n’est donc pas pertinente en christianisme. En « re-sacralisant » le prêtre – comme cela est actuellement visible dans certaines orientations – on fait un mauvais calcul. On espère que cela augmentera le nombre des vocations. Mais quel profil de prêtre allons-nous susciter avec pareille stratégie ? Je crains que nous n’ouvrions la porte à un profil psychologique attiré par le pouvoir – car qui maîtrise le sacré maîtrise le pouvoir – soucieux d’affirmer, au travers d’une différence affichée, une identité marquée par une certaine fragilité humaine. Le prêtre n’a pas à être l’homme du sacré comme on le trouve dans toutes les religions depuis l’aube de l’humanité : il a à être le serviteur de la sainteté.
 
*Bertrand Révillion est écrivain, journaliste et éditeur. Il est aussi diacre catholique.

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Marcher vers Compostelle

Publié le par Yvan Tasiaux

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Mgr Pizzaballa : « Construire des ponts plutôt que de garder des murs »

Publié le par Christophe Lafontaine

Sa Béatitude Pierbattista Pizzaballa, le Patriarche latin de Jérusalem © Hadas Parush/Flash90

Sa Béatitude Pierbattista Pizzaballa, le Patriarche latin de Jérusalem © Hadas Parush/Flash90

Prenant le contre-pied du nom de l’opération israélienne en cours, « Gardiens des murs », le Patriarche latin de Jérusalem redit que l’Eglise ne cesse d’appeler à « construire des ponts » ! Interview sur la situation.

 

Terresainte.net : Pensez-vous que l’escalade de violence va durer ?

Mgr Pizzaballa : Nous vivons dans un pays où les choses imprévisibles sont beaucoup plus nombreuses que celles qui sont prévisibles. Tout dépendra des décisions et considérations politiques que les deux parties suivront et prendront en compte. Vu l’évolution de la situation, je pense que la violence a été beaucoup plus grande que d’habitude et elle produira des blessures qui, à mon avis, vont prendre plus du temps pour guérir. La situation que nous connaissons ces jours-ci, en particulier dans les villes arabo-juives, est le résultat d’années de politique de mépris, que les mouvements de droite ont de plus en plus encouragée. Si les dirigeants politiques et religieux ne commencent pas à changer ces attitudes, la situation va se détériorer. Le mépris ne peut que produire de la violence.

Qu’est-ce qui vous atteint le plus dans votre cœur de Patriarche latin à Jérusalem face à l’opération israélienne « Gardiens des murs » ?

Ce qui ne me laisse pas du tout à l’aise – en plus de l’idée de la guerre elle-même bien sûr- c’est d’afficher ainsi un désir de « garder les murs » [ndlr : en référence au nom de l’opération israélienne débutée le 10 mai « Gardiens des murs »], alors que nous ne cessons d’appeler à « construire des ponts » ! Cela veut dire, malheureusement, qu’on est encore loin des possibilités d’une paix durable, et non simplement d’un armistice ou d’une situation de limbes politiques. Mais nous n’abandonnons pas. Il y en a beaucoup, dans la société israélienne et arabe, avec qui nous pouvons construire des ponts. Et nous le ferons !

Nous avons interrogé avant-hier la paroisse de Gaza, comment réagissent aux violences vos autres fidèles en Israël comme en Palestine ? Que leur dites-vous, que faites-vous ?

Il y a toujours ces sentiments de peur, d’incertitude et d’un avenir de plus en plus inconnu et insécurisé ! Faut-t-il plus que cela pour comprendre le désir de beaucoup de nos chrétiens d’émigrer ? Bien sûr, l’Eglise a toujours aidé et elle veut continuer de le faire, mais les besoins dépassent largement nos capacités ! Le manque de touristes et de pèlerins [ndlr : à cause de la pandémie] n’a fait qu’augmenter le problème économique et du coup aussi les problèmes dans les familles qui ont du mal à trouver la sécurité économique nécessaire pour leur stabilité. Je ne peux pas nier que la frustration est grande.

Regrettez-vous que la communauté internationale n’ait pas suffisamment pris position sur la question des expulsions de Sheikh Jarrah ?

Je pense que la communauté internationale a d’autres priorité actuellement que ces problèmes propres au conflit Israélo-palestinien. Le Covid, les crises économiques, sociales et politiques se multiplient partout, et laissent peu de temps et d’envie à la communauté internationale de se mêler au conflit en Terre Sainte.

J’ajouterais également que je n’ai jamais compris ce qu’est exactement la communauté internationale. Il est certain que, dans tous les cas, les pays étrangers pourraient aider à trouver des solutions, mais ils ne peuvent pas remplacer les interlocuteurs locaux. Tant que les Palestiniens et les Israéliens ne se parlent pas, personne ne peut faire quoi que ce soit pour améliorer la situation.

Pour le quartier Sheikh Jarrah, l’un des points de départ de la crise actuelle, y-a-t-il des maisons habitées par des chrétiens qui sont concernés par le projet d’expulsion ?

Non, à ma connaissance, je ne pense pas.

Et plus généralement, y-a-t-il eu récemment des maisons de chrétiens confisquées par des autorités israéliennes ?

Le problème de confiscations touche plus les terrains, surtout dans les zones dites « C » [ndlr : sous contrôle sécuritaire et administratif exclusif de l’État hébreu]. Mais il y aussi des cas où des familles chrétiennes qui bâtissent dans ces zones-là, sur leurs terrains, se trouvent dans une situation illégale pour Israël, et il peut arriver que leur maison soient détruites par les autorités israéliennes.

 

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L’Eglise, un acteur culturel responsable.

Publié le par Christian Pacco

L’Eglise, un acteur culturel responsable.

Le patrimoine religieux est en danger

L’actualité récente à la collégiale Sainte-Waudru à Mons nous pousse à nouveau à réfléchir au sens du patrimoine religieux et au rôle de l’Eglise dans ce domaine. Nous sommes conscients qu’aujourd’hui, plus que jamais, le patrimoine religieux est en danger. L’évolution de notre société en général, la baisse quantitative des moyens humains au sein de l’Eglise catholique, le fonctionnement complexe des fabriques d’église, entre autres causes, affectent la surveillance des bâtiments et de leur contenu et augmentent le risque de dégradation mais aussi de vandalisme ou de vol.

C’est dans l’église que le patrimoine trouve son sens

Et pourtant, la conservation du patrimoine religieux trouve tout son sens à l’intérieur même des édifices avec lequel les œuvres d’art constituent un ensemble signifiant. La cohérence patrimoniale apportée par la conservation in situ concourt à la valorisation à la fois culturelle et pastorale d’un bâtiment qui doit être accessible à tous. Elle permet une réappropriation communautaire d’un lieu historique d’expérience sociale et spirituelle.

Préserver le patrimoine représente un défi nouveau pour l’Eglise, une lourde responsabilité mais aussi une opportunité. Au-delà de la simple conservation, l’enjeu est celui de la culture chrétienne, culture qu’il importe de rendre vivante et dynamique tant pour la compréhension que pour la construction d’une société multiculturelle en pleine mutation.

Création du CIPAR et aide aux fabriques

Conscients de ces enjeux et de ces difficultés, les évêchés francophones ont mis en place des services de patrimoine qui encadrent les fabriques. Les évêques ont en outre suscité la création du CIPAR (Centre interdiocésain du patrimoine et des arts religieux) avec l’appui de la Région wallonne (AWaP) et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Le CIPAR définit les stratégies et fournit des outils communs en matière de protection du patrimoine. Sa première mission est d’aider les fabriques dans leur obligation de réaliser l’inventaire de leur mobilier. Un logiciel élaboré en collaboration avec l’IRPA est proposé aux fabriques et fait l’objet de formations dispensées sur place. La politique d’inventaire va s’accompagner d’un programme de sécurisation des édifices religieux qui tienne compte des défis patrimoniaux mais aussi d’une plus grande accessibilité au public.

Le centre développe également une expertise dans les différents domaines de l’art religieux en organisant des journées d’étude et en publiant des brochures de recommandations pratiques. Ces publications sont accompagnées d’expositions didactiques qui voyagent dans différentes églises afin de toucher un large public. Après la conservation des textiles, de l’orfèvrerie ou de la sculpture en bois, le CIPAR aborde cette année le domaine du vitrail.

Enfin, le CIPAR met en place un réseau d’églises à trésor. Plus d’un tiers des œuvres mobilières classées à titre de trésor par la Fédération Wallonie-Bruxelles est aux mains de structures d’Eglise qui ne disposent pour cela ni de compétences ni de financement. Le réseau veut partager les expériences de gestion et assurer une promotion commune de ces œuvres majeures.

Des mesures à prendre

Malgré ces initiatives, le chantier est encore vaste. Nous voulons insister sur les points suivants :

 

  • Les diverses législations sur le patrimoine ou le fonctionnement des fabriques protègent trop peu le patrimoine des églises. Des dispositions législatives ou simplement règlementaires devraient prendre en compte une réalité administrative particulière et préciser les fonctions et les limites des différents acteurs.
  • L’aide aux fabriques d’église doit être renforcé. Historiquement, les fabriques ont pour mission l’organisation du culte catholique. Des générations de fabriciens ont rempli cette tâche avec un grand dévouement. Aujourd’hui, dans les faits, les fabriques deviennent aussi de plus en plus des gestionnaires de patrimoine, sans pour autant en avoir les compétences ni les ressources. Elles doivent être aidées dans cette nouvelle mission. C’est un rôle que le CIPAR veut remplir, il ne pourra le faire qu’en collaboration étroite avec les pouvoirs publics.
  • Une meilleure concertation doit s’installer entre les communes et les évêchés dans l’entreprise de travaux dans les églises. Ces projets, souvent coûteux, doivent s’inscrire dans une vision pastorale et patrimoniale à long terme, faute d’être désordonnés ou inappropriés.

En conclusion, les autorités ecclésiales réalisent les enjeux liés au patrimoine religieux et les responsabilités qui lui incombent. Elles souhaitent renforcer dans cette mission les liens avec les pouvoirs publics et les institutions compétentes. In fine, l’Eglise veut assumer pleinement sa fonction d’acteur culturel à part entière.

 

Christian Pacco

Administrateur-Délégué du CIPAR

 www.cipar.be

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Extraits d'une interview du philosophe Edgar Morin.

Publié le

Extraits d'une interview du philosophe Edgar Morin.

À 99 ans, le penseur français EDGAR MORIN a accordé une interview.

 

′′ J'ai été surpris par la pandémie mais dans ma vie, j'ai l'habitude de voir arriver l'inattendu. L'arrivée de Hitler a été inattendue pour tout le monde. Le pacte germano-soviétique était inattendu et incroyable. Le début de la guerre d'Algérie a été inattendu. Je n'ai vécu que pour l'inattendu et l'habitude des crises. En ce sens, je vis une nouvelle crise énorme mais qui a toutes les caractéristiques de la crise. C'est-à-dire que d'un côté suscite l'imagination créative et suscite des peurs et des régressions mentales. Nous recherchons tous le salut providentiel, mais nous ne savons pas comment.

 

Il faut apprendre que dans l'histoire, l'inattendu se produit et se reproduira. Nous pensions vivre des certitudes, des statistiques, des prévisions, et à l'idée que tout était stable, alors que tout commençait déjà à entrer en crise.

 

On ne s'en est pas rendu compte. Nous devons apprendre à vivre avec l'incertitude, c'est-à-dire avoir le courage d'affronter, d'être prêt à résister aux forces négatives.

 

La crise nous rend plus fous et plus sages. Une chose et une autre. La plupart des gens perdent la tête et d'autres deviennent plus lucides. La crise favorise les forces les plus contraires. Je souhaite que ce soient les forces créatives, les forces lucides et celles qui recherchent un nouveau chemin, celles qui s'imposent, même si elles sont encore très dispersées et faibles. Nous pouvons nous indigner à juste titre mais ne devons pas nous enfermer dans l'indignation.

 

Il y a quelque chose que nous oublions : il y a vingt ans, un processus de dégradation a commencé dans le monde. La crise de la démocratie n'est pas seulement en Amérique latine, mais aussi dans les pays européens. La maîtrise du profit illimité qui contrôle tout est dans tous les pays. Idem la crise écologique. L'esprit doit faire face aux crises pour les maîtriser et les dépasser. Sinon nous sommes ses victimes.

 

Nous voyons aujourd'hui s'installer les éléments d'un totalitarisme. Celui-ci n'a plus rien à voir avec celui du siècle dernier. Mais nous avons tous les moyens de surveillance de drones, de téléphones portables, de reconnaissance faciale. Il y a tous les moyens pour surgir un totalitarisme de surveillance. Le problème est d'empêcher ces éléments de se réunir pour créer une société totalitaire et invivable pour nous.

 

À la veille de mes 100 ans, que puis-je souhaiter ? Je souhaite force, courage et lucidité. Nous avons besoin de vivre dans des petites oasis de vie et de fraternité."

 

Extraits sélectionnés par Rosa Freire d'Aguiar.

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Les béatitudes d'une personne âgée

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Les béatitudes d'une personne âgée
Heureux ceux qui m'aident à vivre l'automne de ma vie…
Heureux ceux qui respectent mes mains décharnées et mes pieds déformés.
Heureux ceux qui conversent avec moi bien que j'aie désormais quelque peine à bien entendre leurs paroles.
Heureux ceux qui comprennent que mes yeux commencent à s'embrumer et mes idées à s'embrouiller.
Heureux ceux qui, en perdant du temps à bavarder avec moi, gardent le sourire.
Heureux ceux qui jamais ne me font observer : "C'est la troisième fois que vous me racontez cette histoire !"
Heureux ceux qui m'assurent qu'ils m'aiment et que je suis encore bonne ou bon à quelque chose.
Heureux ceux qui m'aident à vivre l'automne de ma vie…

Cette prière est de Saint Vincent de Paul (1581-1660)
source: Prions en Eglise, hors série, Jubile d la miséricorde pp 17

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